bauge

bauge

bauge [ boʒ ] n. f.
• 1480; var. de bauche, p.-ê. du gaul. °balc « fort » et « terre inculte »
1Gîte fangeux (de mammifères, notamment porcins). La bauge du sanglier ( souille) , du cochon ( loge) . « âcres senteurs de la bauge aux pourceaux » (A. Gide). Par anal. Lieu très sale. taudis.
Fig. boue. « Allons ! retourne à ta bauge. Fille et faussaire ça va ensemble » (A. Daudet).
2Mortier fait de terre et de paille. pisé.

bauge nom féminin (variante de bauche, torchis, du gaulois balcos, fort) Gîte du sanglier ; nid de l'écureuil. Logement ou lieu très sale. Synonyme de torchis. ● bauge (synonymes) nom féminin (variante de bauche, torchis, du gaulois balcos, fort) Gîte du sanglier ; nid de l'écureuil.
Synonymes :
Logement ou lieu très sale.
Synonymes :
Synonymes :

bauge
n. f.
d1./d Lieu fangeux où gîte le sanglier.
|| Fig. Habitation sale et mal tenue.
d2./d Mortier de terre grasse mêlée de paille. Syn. torchis.

I.
⇒BAUGE1, subst. fém.
I.— [L'idée dominante est celle d'un matériau] MAÇONN. Mortier fait de terre grasse et de paille dont on enduit parfois les murs extérieurs des habitations rurales. Synon. torchis. Maçonnerie faite de bauge; enduire une muraille de bauge (Ac. 1835) :
1. Le jardin, plus long que large allait, entre deux murs de bauge couverts d'abricots, en espalier, jusqu'à une haie d'épine qui le séparait des champs.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 36.
II.— [L'idée dominante est celle d'habitat fait de certains matériaux où entrent de la boue et des herbes, etc.]
A.— Non péj.
1. Nid de l'écureuil (attesté dans la plupart des dict. gén. dans XIXe et XXe s.).
2. Région. Habitat humain.
a) Refuge fait d'herbe ou de paille aménagé par l'homme dans la nature pour s'y reposer ou s'y cacher :
2. Il n'y avait pas d'arbres autour du pré de Carle. Pour avoir un peu d'ombre et d'abri, les hommes entrèrent dans l'herbe haute. Ils s'y firent une bauge ronde ... Ils étaient loin de partout. L'herbe faisait barrière.
GIONO, Que ma joie demeure, 1935, p. 300.
b) Hutte, petite cabane :
3. ... puis ils s'enfonçaient aux bois qui commençaient au bout de leur ancienne terre, et ils vivaient là avec les bûcherons et comme eux, faisant de leur hutte leur bauge, ayant leurs amours et leurs femmes, peuplant la forêt d'une race métis où le Villacourt était croisé de nature, le gentilhomme mâtiné de l'homme des bois, et dont la langue même n'était plus le français.
E. et J. DE GONCOURT, Renée Mauperin, 1864, p. 249.
B.— Gén. péj.
1. Usuel. Lieu fangeux où le sanglier se retire pendant le jour. Synon. souille :
4. Le déboisement, ce fils bâtard de la civilisation, a fort tristement dévasté la vieille bauge du sanglier des Ardennes.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 43.
5. Malheur au champ, au jardin, au verger où un sanglier va « à ses mangeures ». Repue, le jour levé, la bête rentre dormir dans sa bauge, ou descend se rouler et se vautrer dans la bourbe, « se souiller ».
PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 4.
Plus rarement. Loge des cochons ou d'autres animaux (loup, lièvre, belette, etc.) :
6. Ô parfum des luzernes séchées, âcres senteurs de la bauge aux pourceaux, de l'écurie ou de l'étable! Effluves capiteux du pressoir, et là, plus loin, entre les tonnes, ces courants d'air glacé où se mêle aux relents des futailles une petite pointe de moisi.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 467.
P. métaph. :
7. Il [le siècle utilitaire] ferait de la France une bauge à pourceaux.
A. POMMIER, Crâneries et dettes, 1842, p. 122.
2. P. anal. Habitation humaine, misérable et/ou sale, taudis :
8. Et lâchant sa fureur jalouse : « Dis donc tout de suite que tu rejoindras ton voleur, que vous allez vous mettre en ménage ... Allons. Retourne à ta bauge ... Fille et faussaire ça va ensemble ... »
A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 319.
P. ext. Pièce mal tenue. En voilà une chambrée. Quelle bauge (COURTELINE, Le Train de 8 h 47, jusqu'à la gauche, 1884, p. 166).
Rem. On rencontre dans la docum. le subst. fém. baugée. Lit de paille ou d'herbe fait par un animal pour s'y coucher ou s'y reposer. Synon. litière. Sans baugée de vaches et sans orties (1852, FLAUBERT, Correspondance, p. 65).
PRONONC. ET ORTH. :[]. FÉR. Crit. t. 1 1787 écrit baûge.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1482 bauge « hutte en torchis » (La Roche-Porai, Arch. Vienne dans GDF.); actuell. dial. (P. MARTELLIÈRE, Glossaire du Vendômois, 1893, p. 34 : Bauge Cabane, maisonnette); 1489 bauge « gîte de certains animaux » (R. GAGUIN, Anc. Poés. fr., 7, 234 dans QUEM. : Nous sommes comme pors en l'auge [...] Richesses nous viennent à bauge, Esquelles chacun naque et fouylle); 1561 « id., en partic. du sanglier » (DU FOUILLOUX, Vénerie, 30 r°, éd. Faure dans R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 138); 1796 beauge « id. » (DUSAULX, Voyage à Barège, chap. XVI, t. 2, p. 187); av. 1788 « nid de l'écureuil » (BUFF., Écureuil dans LITTRÉ : L'écureuil sort de sa petite bauge); 1808 fig. et fam. (BOISTE : Bauge [...] logement, lit très sale); cf. 1834 (BALZAC, L'Illustre Gaudissart, p. 6); 2. 1606 maçonn. (NICOT : Bauge. C'est mortier de terre farci de paille qu'en Gascoigne on appelle Tortis); beauge dans PRÉV. 1755.
Peut-être var. de bauche « torchis, espèce de mortier fait de terre grasse et de paille, servant à la confection des planchers, des murs de clôture et quelquefois même des maisons » (Compte de 1344, cité par M. Delisle dans Les Actes norm. de la Ch. des Comptes, p. 301 dans MOISY) que FEW t. 1, p. 211b rattache à l'étymon gaul. balcos « fort » (cf. DOTTIN, p. 230). Un rapprochement avec bache « sorte de foin des marais » (Genève 1667 dans Pat. Suisse rom., s.v. batsos) terme de Suisse romande, prov. mod. bauco, balco « graminée à feuille rude, touffe de foin grossier, herbes paludéennes que les paysans emploient comme litière » (MISTRAL), séduisant du point de vue sém. (« foin » > « hutte en torchis » > « gîte ») fait difficulté des points de vue chronol. et géographique.
STAT. — Fréq. abs. littér. :57.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BAUDR. Chasses 1834. — BOUILLET 1859. — BURN. 1970. — CHABAT 1881. — CHESN. 1857. — DUVAL 1959. — JOSSIER 1881. — PLAIS.-CAILL. 1958.
II.
⇒BAUGE2, subst. masc.
Argot
A.— Coffre, malle, coffre-fort :
Le vol de bauges est devenu, en Angleterre et en Amérique, une véritable institution.
HOGIER-GRISON, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on vole, 1887, p. 174.
Rem. Attesté dans L.-F. RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE, Mémoires d'un forçat, 1828-1829; F. VIDOCQ, Les Voleurs, 1836; MICHEL 1856; L. LARCHEY, Dict. hist. d'arg., Nouv. Suppl., 1889; FRANCE 1907; LA RUE 1954; ESN. 1966; Ch.-L. CARABELLI, [Lang. de la pègre].
P. ext. Bahut (L. LARCHEY, Dict. hist. d'arg., Nouv. Suppl., 1889, FRANCE 1907).
B.— P. métaph.
1. Ventre. Vous qui n'avez probablement dans le bauge que la mouise (= soupe) de Tunebée (= Bicêtre), vous devez [avoir faim] (F. VIDOCQ, Les Vrais mystères de Paris, t. 7, 1844, p. 196).
Rem. Attesté dans F. VIDOCQ, Les Voleurs, 1836, FRANCE 1907, Ch.-L. CARABELLI, [Lang. pop.].
2. Le corps (P. LECLAIR, Hist. des brigands chauffeurs et assassins d'Orgèves, 1800; ESN. 1966).
Fiquer dans le bauge. Plonger un couteau dans le corps (F. VIDOCQ, Les Voleurs, 1836).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1628 arg. (Le Jargon de l'arg. réformé dans SAIN. Sources arg. t. 1, p. 192 : Bauge, un coffre); 1800 id. (Les Brigands chauffeurs, ibid., t. 2, p. 91 : Corps [le], le bauge); 1837 « le ventre » (VIDOCQ, Mém., III, 105, ibid., t. 2, p. 115 : Tout ce qui passe par la gargoine emplit le bauge).
Forme dialectale, peut-être méridionale (cf. marseillais baujo. limousin bojo dans MISTRAL, s.v. bonjo), de bouge cf. FEW t. 1, p. 605a.

1. bauge [boʒ] n. f.
ÉTYM. 1482, « grange » (d'abord bauche); 1489, « porcherie »; 1606, « mortier »; probablt du gaulois balcos « fort » et « terre inculte »; Guiraud postule un gallo-roman ballica « creux (comme une balle) ».
———
I Vx. Mortier fait de terre mêlée de paille. Torchis. || Enduire une muraille de bauge (Académie).
0.1 Le jardin plus long que large allait, entre deux murs de bauge couverts d'abricots en espalier jusqu'à une haie d'épines (…).
Flaubert, Mme Bovary, I, V.
———
II
1 Gîte fangeux (du sanglier, du porc). || La bauge du sanglier ( Souille), du cochon ( Loge). || La bauge aux cochons.
1 Ce sanglier était sale et couvert de la boue de sa bauge où il s'était vautré (…)
Fénelon, Œuvres, t. XIX, 70.
2 Ô parfums des luzernes séchées, âcres senteurs de la bauge aux pourceaux, de l'écurie ou de l'étable !
Gide, Si le grain ne meurt, I, 6.
2 (1808). Par anal., péj. Lieu très sale. Taudis. || Quelle bauge !
Fig. Lieu, séjour répugnant (physiquement ou moralement). Boue, fange.
3 Allons ! retourne à ta bauge. Fille et faussaire ça va ensemble, j'étais bien bon de vouloir te tirer de cette boue.
Alphonse Daudet, Sapho, XIV.
4 J'eus le sentiment d'apercevoir non point une ville comme toutes les villes, mais la bauge, farouche et noire, de la civilisation mécanicienne.
G. Duhamel, la Pesée des âmes, XIV.
3 Régional (sans nuance péj.). Petite cabane de paille aménagée dans la nature pour se reposer ou se cacher.
DÉR. Baugée, bauger (se).
————————
2. bauge [boʒ] n. m.
ÉTYM. 1628; forme régionale de bouge.
Argot anc. Coffre, malle.Fig. Ventre, corps (in Vidocq).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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